Les jardins d'Aéoliah        Chapitre 17       

Chapter 17

Vertao

Quelques années après la mémorable éruption qui avait initié la vie sur l’île de Lioureline, les herbes folles commençaient à lancer leurs hampes souples sur les roches dures, perpétuelle victoire du vivant sur l’inerte. La brise douce et tiède de l’océan balançait de son vaste et libre respir des petits buissons et des fleurs rases près de la grotte des éolis, d’où émanait en permanence un chant mélodieux, à peine audible dans l’aigu, ou des petites clochettes de rires cristallins. L’âcre odeur des roches vierges cédait petit à petit la place à l’air profond de l’océan ou aux senteurs délicates des minuscules fleurs tapies dans les fissures. Le grand silence des pierres et de l’eau immobile s’ornait maintenant du chant large et profond des oiseaux de mer qui nichaient dans les creux des rochers ou sur les clochetons de lave.

Les éolis n’étaient encore qu’une dizaine de permanents, vivant sous des tentes kaki ou vertes, sortes d’adorables petites yourtes de feuilles ornées de fleurs bleues séchées. Il y avait déjà le nécessaire pour habiter sur l’île à quelques-uns. Les futurs occupants se relayaient pour séjourner sur l’île, attendant tous avec impatience leur tour de ce naïf scoutisme parfumé.

Quelques cultures avaient démarré, de murlines et autres baies, et au fond de la grotte attendait un impressionnant stock de pâtes de fruit et de champignons secs pour les visiteurs, plus des récipients en coco, des outils, des imperméables en pétales de fleurs, et d’autres ustensiles. Ils passaient d’agréables journées à voleter un peu partout sur l’île, y compris au Nord, sur le volcan assoupi et paisible. Il s’agissait toujours de sélectionner, parmi toutes les plantes nouvelles qu’apportaient en vrac les oiseaux, celles qui correspondaient au plan de Lioureline. Ces promenades se faisaient lentement, en rêvant, en s’enthousiasmant à ce que seraient ces paysages, ces lieux, plus tard, quand la vie végétale aurait déployé toute sa magnificence et offert tous ses trésors. Ici ce creux serait idéal pour une place de réunion; là pourrait pousser un grand Aroban qui couvrirait de ses larges frondaisons un petit jardin de roches en escalier. Parmi les plus hauts pinacles de roches, certains comportaient une sorte de chapeau qui ferait un excellent abri pour des veilleurs nocturnes. Parfois, bien sûr, il fallait retirer à la main une graine inopportune, mais l’essentiel du travail s’accomplissait par la puissance de leur rêve, qu’ils poursuivaient sur place ou dans les îles avoisinantes.

 

Les éolis de notre village revenaient de temps à autres, par deux. Mais cette fois comme pour la première, ils se déplacèrent tous ensemble, et ils emmenèrent Nellio. Le pauvre Nellio n’avait guère la bougeotte, mais il aimait bien de temps à autres sortir de sa situation, et voyager sur sa planète librement, comme n’importe quel autre éoli. On l’y encourageait, et cela devenait un prétexte pour sortir tous ensemble!

Ils arrivèrent sur l’île de Lioureline à la nuit tombée, et constatèrent avec émerveillement qu’elle s’auréolait d’algues-lumière d’un indigo profond et envoûtant. Les algues-lumière sont un plancton formé de nombreuses espèces différentes, qui prospèrent ou s’éclaircissent au gré des lents brassages de l’océan. Si une couleur apparaît, toutes les espèces qui le peuvent se mettent à la même, tandis que les autres s’abstiennent de briller, gardant ainsi leur énergie pour se manifester à leur tour, plus avant dans la nuit. Ainsi les couleurs ne se mélangent jamais, mais elles changent ou se propagent lentement, ou parfois avec une étonnante rapidité. Il arrive qu’elles reproduisent l’aura d’un lieu, puis qu’elles virent subitement, ou qu’apparaissent des structures complexes à l’origine mystérieuse, obéissant à un féerique ballet orchestrée par quelque invisible Jardinier des profondeurs bleues. En tout cas, pour Lioureline, voir son île entourée de sa couleur préférée était un joli compliment de l’océan.

Nos amis tombèrent en pleine veillée, à l’heure où l’ombre de la planète finit de grignoter l’anneau, où les fleurs-lumière exhalent un dernier soupir laiteux. Sous une tente ronde à la délicieuse odeur de foin, des éolis mauves qu’ils ne connaissaient pas chantaient, tous serrés les uns contre les autres dans une clarté orangée. Ces derniers les accueillirent joyeusement, mais comme on n’aurait vraiment pas pu en mettre un de plus sous cette yourte, la fête continua dans la grotte, dont le sol rocheux était couvert d’un moelleux tapis d’herbes sèches.

Ce fut plus tard dans la nuit que Nellio ressentit soudain une nostalgie le reprendre. Jetant un coup d’oeil vers l’infiniment dévouée Milarêva, qui l’accompagnait toujours, il la vit sereine et rassurante, à son accoutumée, mais attentive. Il alla se recueillir sous une des tentes du fond, réservée aux visiteurs. Ce faisant, il n’attira pas l’attention, car d’autres étaient déjà allés dormir et la soirée s’effilochait dans un doux chant de nuit, murmuré bouche close. L’orange de la dernière fleur cédait petit à petit devant l’ombre indigo qui baignait toute la grotte, donnant naissance à d’étranges franges mouvantes et irisées.

Nellio s’allongea et cette fois il entendit clairement l’appel, non plus angoissé et pathétique, mais une petite voix douce et désolée:

«Nellio! Nellio aimé!

- Aurora!»

Que se dire quand on ne s’est vu depuis cinq siècles? Leurs vibrations, leurs auras s’interpénétrèrent délicieusement, comme autrefois, avant qu’ils ne naissent ensemble sur Aéoliah. D’étranges images défilèrent rapidement dans l’esprit de Nellio, qu’il ne chercha pas à analyser sur le moment, tout entier à son éphémère Bonheur. Puis le merveilleux effluve s’estompa petit à petit, se retirant comme la lumière de la fleur...

«Nellio...

- Aurora!»

Revenant au monde corporel, Nellio vit Milarêva penchée au-dessus de lui, douce et rassurante présence. Puis il s’endormit.

Nellio resta au lit dans la grotte toute la matinée, éveillé mais pensif, avec Milarêva assise à son côté. Elle avait discrètement averti tout le monde, pour qu’on respecte son besoin de silence. L’après-midi, l’irrépressible élan vers l’activité des éolis reprit le dessus et Nellio alla se joindre à la culture, tout entouré des attentions charmantes des éolines mauves au si suave parfum. Ça y allait les rituels. Lioureline en avait rajouté d’apaisement, spécialement pour le secourisme des âmes, afin d’accueillir des êtres encore mal assurés qu’ils comptaient bien recueillir, comme le faisait déjà Adénankar. Ils tombaient fort à propos. Quelle finesse, quel tact! Un régal.

Le soir, Nellio parla avec Milarêva, à propos des images géométriques très précises qui étaient passées dans sa tête. Que signifiaient-elles? Quelle était leur importance? Même Milarêva ne les comprit pas. Plus tard, à son retour, Nellio alla à Irizdar pour les peindre. Mais ni Adénankar, ni les gens d’Irizdar n'avaient jamais rien vu de pareil. Ils eurent beau visualiser le passé d’Aéoliah, et consulter les sages du monde abstrait où avaient vécu Aurora et Nellio: Rien. Ils archivèrent soigneusement ces images, au cas où elles seraient utiles un jour, pour aider Aurora. Elles sont toujours dans un des recoins d’Irizdar aujourd’hui, et elles risquent fort d’y rester encore longtemps, car je ne voit vraiment pas quel service pourraient rendre aux Jardiniers de l’Infini les armoiries et la bannière de l’orgueilleux petit Baron de Capderoc. Enfin il fallait bien expliquer comment elles sont arrivées à Irizdar, à des milliards de milliards d’années-lumière de la Terre et infiniment plus loin encore du Moyen Age. Cela valait bien son pesant de stalagmite, non?

 

 

Nellio se remit bien plus rapidement de ce nouveau contact. Il faut dire que son développement s’était accompli en accéléré: les éolis, bien qu’ils aient un corps adulte en quelques mois, peuvent garder un esprit enfantin pendant mille ans ou plus. Malgré cette relative Sérénité, Nellio eut envie de rentrer rapidement au village. Il lui fallut prendre patience, car sur Aéoliah les voyages dépendent des oiseaux, eux-mêmes guidés par les influx de l’Esprit. Le simple désir ne les fait pas venir! Finalement il rentra seul avec Milarêva, sur le dos d’un couple d’oiseaux splendides, que les éolis appellent les oiseaux de feu. Il n’en existe pas d’équivalents sur Terre: Imaginez de beaux échassiers, comme des grues, mais au flou plumage d’or et de braise, brillant comme les ailes des papillons ou des colibris, tout agrémenté de petites aigrettes, plus deux immenses plumes caudales aux yeux de braise irisés... Une merveille!

De retour au village, il se précipita sur son transmutateur, puis, aussitôt rechargé, il alla voir Adénankar dans sa maison arboricole.

Outre le bazar du Baron, il avait reçu d’autres informations bien plus sérieuses qui permirent aux Jardiniers des âmes de mieux comprendre ce qui s’était passé avec Aurora. On se rappelle qu’elle avait tenté, pour voir, de s’assimiler à l’esprit d’un terrien particulièrement malade, et avait ainsi mis son âme sous son influence. Le choc avait été tel que son corps spirituel s’était désaligné et chargé d’une peur totalement paralysante. Aurora venait de vivre une vie corporelle sur la lointaine et glaciale Terre, où elle avait commencé à se dégager (très partiellement) de cette terrible influence. Quittant son corps terrien, elle avait rassemblé toute son énergie pour voir son Nellio, mais la vibration d’Aéoliah était bien trop élevée pour qu’elle puisse la maintenir longtemps en elle: comme la première fois elle était redescendue et avait rejoint un des innombrables mondes de l’esprit, spécialement destiné aux âmes partiellement purifiées ou suffisamment de bonne volonté. Cette nouvelle condition bien plus favorable décida les Jardiniers des âmes à agir. C’était même une nécessité, maintenant qu’Aurora remontait la pente.

Le village accueillit la nouvelle du contact d’Aurora sans grandes démonstrations de joie, mais ce fut dorénavant comme si le Soleil brillait un peu plus, comme si l’eau du torrent était plus vivifiante, les fleurs-lumière plus poétiques, les fruits plus sucrés, les hanches plus souples, les rires plus communicatifs. On en parla discrètement, mais souvent et longuement, car tous les amis de Nellio étaient pleins de Compassion pour lui. Ce dernier était toujours très entouré, surtout par les éolines et bien sûr par ses amis, notamment la discrète et fort gentille Liouna. La bonne nouvelle n’était d’ailleurs pas tant qu’Aurora ait pu apparaître à Nellio, mais qu’elle ait pu amorcer la remontée. C’était cela qui aurait pu attendre des millénaires. Le reste ne serait qu’une question de siècles, ce qui est quand même plus court.

 

 

 

* * *

 

Les secouristes des âmes éolis connaissaient maintenant assez bien les conditions de la Terre: Ses habitants expérimentent des souffrances parfois terribles, de par toutes les mauvaises actions qu’ils accomplissent. Mais simplement de ne pas s’intéresser à l’éveil de leur esprit leur valait de longues vies de grisaille, d’ennui et de confusion.

Les Jardiniers des âmes éolis, nouveaux dans l’affaire, auraient aimé sortir de toutes ces histoires finalement assez sordides, et proposer aux âmes rebelles ou égarées une voie d’évolution sans souffrance. Malgré toute leur bonne volonté, ils ne la trouvèrent point: seules les âmes peuvent se libérer elles-mêmes. De par leur propre initiative. De leur propre décision. On se doute que si il en existait une telle méthode, alors elle aurait été appliquée dès le début par tous les êtres de Bonté de l’univers, et la Terre serait devenue depuis longtemps un paradis comme Aéoliah... Cela se saurait!

Ainsi, le seul moyen d’action à la portée des éolis était d’aider des âmes de bonne volonté qui veulent réellement avancer, où chez qui au moins quelque ouverture commence à se manifester. Pour organiser leur travail sur place, il y avait deux possibilités: soit aider toutes les âmes passant à leur portée à accomplir un pas, à chaque fois qu’une occasion se présentait, soit concentrer leurs efforts sur un petit nombre qu’ils suivraient en permanence. Leur situation privilégiée sur une planète ressemblant beaucoup à la Terre indiquait la seconde méthode, et c’était de toute façon le projet d’Adénankar. Mais ils continuèrent aussi la première méthode pour une raison pratique: beaucoup d’éolis des villages avoisinants voulurent participer au secourisme des âmes, mais occasionnellement, selon leur élan, sans en faire une activité continue. Seuls les Jardiniers des âmes et quelques spécialistes pouvaient se permettre les fréquentes et régulières sorties en astral nécessaires à une assistance permanente.

 

Le fait que plusieurs groupes différents organisaient des sorties vers la Terre, indépendamment les uns des autres, eut une conséquence curieuse: le temps terrien et le temps d’Aéoliah étaient maintenant beaucoup plus couplés. Liouna nous avait expliqué que La Terre et Aéoliah existent dans le même espace-temps, mais à une si grande distance qu’aucune communication physique n’est possible entre les deux. C’était comme si les deux planètes existaient à deux époques séparées, voire dans deux univers différents, avec des temps incommensurables. Cela n’a pas d'importance du point de vue du voyageur de l’astral. Toutefois, à partir du moment où les deux mondes étaient reliés par des voyages astraux fréquents provoquant des actions réciproques multiples, il fallait bien une cohérence. Habituellement, pour un voyageur astral, le temps présent est le même où qu’il aille dans l’univers, selon notre conception habituelle simple du temps: le voyageur saute instantanément d’un lieu à l’autre. Mais un certain flou sur la définition du temps présent reste possible, tant que les voyages ne sont pas trop nombreux. Pour les secouristes des âmes, maintenant séparés en plusieurs équipes de plusieurs villages, agissant chacune indépendamment, le nombre d’actions et réactions réciproques s’était multiplié, réduisant le flou temporel de quelques jours à quelques heures, et il allait en s’amenuisant.

Cela était bien pratique en fait, avec la nouvelle organisation. Les secouristes, plus d’une centaine, étaient maintenant tellement entraînés qu'ils pouvaient chacun tenir n’importe quel rôle; il se trouvait toujours, presque chaque nuit, dans notre village ou dans un autre des environs, un groupe suffisant pour faire une sortie, et d’autres qui les assistaient sans sortir eux mêmes. Le flou sur le temps permettait encore de couvrir les vingt-quatre heures terriennes, bien qu’ils ne sortaient que pendant la nuit d’Aéoliah. Ainsi, peu de temps avant l’île de Lioureline, Adénankar et son équipe avaient démarré un suivi permanent d’une, puis de trois âmes particulièrement handicapées dans leur compréhension de la vie. Il n’y avait en fait rien à faire de spécial, seulement rayonner du Bonheur. Mais, comme on l’a vu, aider des âmes révoltées contre la vie est difficile: Elles se servirent de cet influx bénéfique pour renforcer leur forteresse égocentrique. Il fallut cesser immédiatement, car ainsi elles se coulaient encore davantage. Une seule de ces trois a pu progresser aujourd’hui, ⚠ et encore au prix de passer par les camps de concentration, pour comprendre que les autres peuvent aussi souffrir. Le moins que l’on puisse dire est qu’il aurait été plus plaisant pour elle d’écouter le poétique Adénankar...

 

L’équipe d’Irizdar supervisait toujours le secourisme des âmes pour les aspects importants; mais les participants étaient maintenant capables d’organiser la routine eux-mêmes, de se débrouiller, tant qu’ils n’intervenaient pas directement dans les événement. Même la probabilité d’accident s’était réduite à une valeur très faible. Aussi Adénankar et ses compagnons s’accordèrent-ils un temps de réflexion. Leur décision était presque mûre quand se produisit le second contact de Nellio et Aurora, sur l’île de Lioureline. Ils la prirent alors rapidement.

Ils passèrent à l’action, d’abord pour Aurora. Chaque nuit des méditations seraient faites pour elle. Il s’en faisait déjà, mais occasionnellement, dans un cercle restreint d’amis et de parents: Anthelme, Elnadjine, Elora et son compagnon Artapon, Algénio et Liouna. Maintenant ce serait des centaines d’éolis de plusieurs villages, toutes les nuits au même moment.

 

Liouna avait retrouvé quelques souvenirs de son passé, mais comme il ne consistait pas en une vie corporelle, elle aurait pu tout raconter en cinq minutes! Des vibrations, une sorte de béatitude indigo, alternant avec des périodes d’intenses échanges d’énergie...

Elle alla souvent chez Adénankar et à Irizdar pour étudier, et elle avait encore à apprendre. Mais elle progressait bien plus rapidement que si elle avait eu d’abord à former son esprit aux subtilités des mondes spirituels. Il n’y avait donc pas de temps perdu. En tout cas elle fut parfaitement capable de montrer le travail au nouveau groupe de soutient à Aurora. Ce groupe compta d’emblée plus de quatre cent participants réguliers, et dix fois plus d’occasionnels, dans plus de douze villages du plateau.

A cette occasion ils comprirent pourquoi ils ne pouvaient contacter Aurora: Au vu de la moindre émanation de sa planète mère, elle pouvait se verrouiller dans un état de frustration, de regret ou d’attente stérile qui lui aurait ôté toute envie de progresser. Il en est de même pour nous tous, amis lecteurs. Malgré les moments de cafard ou de doute, ne perdons jamais espoir, ne nous révoltons pas inutilement. Il nous faut d’abord vivre notre vie et réaliser ce que nous nous y sommes assignés.

L’action pour Aurora galvanisa les éolis bien plus que les contacts. Le village connût un pimpant et une gaieté qu’il n’avait jamais vraiment retrouvé depuis l’accident. Avec Aurora, on ne risquait rien! Il n’y avait même pas besoin de sortir en astral. Le secourisme des âmes prenait un tour agréable, simple, familier, accessible à tous.

 

Pour les autres âmes terriennes, Adénankar et son équipe, rendus prudents par l’expérience, choisirent d’en aider deux faciles, car à la différence des précédentes elles étaient humbles, donc en progrès rapide. Car tout progrès dans la vie se résume à accepter la Vérité de l’Univers et de l’Esprit, et à reconnaître ses défauts personnels. Ce qui est pour le moins nécessaire à y trouver remède! Là est la force incomparable du Simple sur l’orgueilleux bardé de justifications et de sophismes!

Raconter les péripéties de cette expérience serait une autre histoire aux multiples surprises et rebondissements, aussi nous n’en verrons qu’un bref résumé. Ces deux âmes ont été plus tard appelées Vertao et Illinia par les éolis, plus une troisième qui les a rejointes sous le nom de Nashtao. Elles vivaient au Moyen-Orient, quelque part entre Bagdad et Téhéran. Vu le dogmatisme et la brutalité de ce lieu et de cette époque, leur vie se termina fort mal... Pour leurs corps physiques, car le cimeterre du bourreau ne pouvait qu’être totalement impuissant à faucher les fleurs qui commençaient à s’épanouir en leurs âmes. Vertao et Illinia purent rejoindre un monde de Félicité dépendant de l’école des Jardiniers des âmes d’Irizdar. Enfin ils purent naître sur Aéoliah, dans le petit village que nous connaissons bien, avec Antonnafachto, Miélora, Sélina, Sélinao et tous leurs amis. Ce fut vraiment un bonheur immense pour eux, la réalisation de leurs rêves les plus fous, un bonheur délicat et enfantin qu’ils exprimèrent très discrètement par une vie de gentillesse et de douce activité dans les délicieux jardins d’Aéoliah. Ils y sont toujours aujourd’hui. Ils sont encore au stade de l’enfance éoline, qui peut durer mille ans, ou beaucoup plus pour les âmes simples. Mais cela n’a pas empêché Illinia d’être maintenant la mère de Nashtao.

Pour Nashtao, ce fut plus difficile. Nashtao ruait dans les brancards. Cela est une bonne chose dans l’action du monde terrien, quand il s’agit de balayer les injustices. Mais il laissait la révolte empoisonner son âme, se rongeant à l’idée du mal extérieur, massacrant toutes les minutes de sa vie avec des pensées amères, au lieu de cultiver en lui les douces fleurs de la Sérénité. Ce qui, de toute façon, n’a jamais rien fait pour arranger les problèmes de ce monde. Il ne put suivre Vertao et Illinia sur Aéoliah. Il lui fallut accomplir plusieurs vies terrestres encore. Cette histoire mouvementée et un peu rocambolesque nous mèneraient jusqu’à notre époque actuelle, où Nashtao se réincarna encore dans la même région, alla même étudier en France puis retourna dans son pays où il fut à nouveau assassiné lors de la guerre Iran-Irak des années 1980. Comprenant enfin que ce jeu n’avait de toute façon aucun sens, il gagna sa place sur Aéoliah, pour rejoindre ses anciens amis dans un petit corps éoli déjà en formation.

Donc Nashtao est aujourd’hui sur Aéoliah, mais il n’est pas resté au village de nos amis. Avec sa discrète et blanche compagne Veranlounia, ils sont partis explorer les mystères d’Aéoliah, les îles aux volcans, les pôles aux immenses animaux, les centres de Sagesse, le pays des oiseaux, et bien d’autres étrangetés que je ne puis rapporter.

Cela fera bien d’autres livres: éolis et éolines, Les Voyages de Nashtao et Veranlounia.

 

Et Aurora? Les éolis restèrent bien longtemps sans nouvelle d’elle. Bien que blessée, elle était tout de même une âme élevée, aussi elle put demeurer dans des mondes de félicité associés à la Terre. Mais pour résoudre son problème principal Aurora dût attendre longuement les conditions favorables à la réincarnation décisive. Il lui fallait retrouver l’âme qui l’avait prise sous son influence néfaste, mais cette âme, murée dans l’enfer de ses mauvais sentiments, refusait toute nouvelle incarnation. Heureusement le temps des mondes de l’esprit peut se contracter ou se dilater à volonté, ce qui lui permit de limiter son attente au strict travail indispensable.

 

Nous retrouverons donc Aurora, avec l’âme qui l’avait fait chuter, le temps venu...

 

 

 

 

 

 

Les jardins d'Aéoliah        Chapitre 17       

 

Scénario, dessins, couleurs, réalisation: Richard Trigaux.

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